Les habiletés socioémotionnelles sont un sujet omniprésent et récurrent dans les actualités du monde de l’éducation. Ce n’est pas sans raison après les années de pandémie qui ont exacerbé la détresse émotionnelle de plusieurs individus.
D’autre part, des études longitudinales au Royaume-Uni ont démontré que le développement d’habiletés socioémotionnelles adéquates avant l’âge de 10 ans sont des prédicteurs de satisfaction, de bien-être, de succès professionnel et de bonne santé générale à l’âge adulte. Il vaut donc la peine de s’informer davantage sur le sujet pour mettre en place de bonnes pratiques.
Comprendre les habiletés socioémotionnelles
Les habiletés socioémotionnelles réfèrent à la capacité de l’humain à comprendre et à gérer ses émotions. Le Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning (CASEL) a identifié 5 compétences de base à développer:
La conscience de soi
La conscience de soi se développe dès les premières années de vie. Dès l’âge de deux ans, l’enfant est en mesure de reconnaître certaines manifestations physiques des émotions. Lorsque le langage se développe, il ou elle est en mesure de nommer des émotions dites de base comme la joie, la colère, la peine ou la peur. Peu à peu, guidé.e par les adultes qui l’entourent, le.la jeune pourra nommer des émotions plus complexes comme la fierté, la gêne, l’excitation ou la déception.
L’autorégulation
Il s’agit de l’ensemble des processus mis en place par une personne pour influencer les émotions ressenties, comment elle les éprouve et les exprime. Selon Fischer (2000), le comportement émotionnel et par conséquent sa régulation sont grandement influencés par le contexte dans lequel il se produit, mais aussi par le genre des individus. La réception d’un même comportement sera différente selon s’il est produit par une personne de genre masculin ou féminin. Il s’agit d’un biais cognitif auquel il est nécessaire de porter attention afin de favoriser l’égalité entre les genres.
La conscience sociale
La conscience sociale est la capacité de comprendre les autres et faire preuve d’empathie. D’abord centré sur lui-même, l’enfant comprend difficilement les émotions des autres. Vers l’âge de 5 ans, il.elle arrive à se mettre à la place de l’autre et ainsi comprendre ses émotions ou répondre à des questions hypothétiques.
Les compétences relationnelles
Les compétences relationnelles concernent la capacité d’interagir avec les autres dans une variété de relations verticales (relation avec une personne ayant un pouvoir ou des connaissances supplémentaires tels un parent ou un.e enseignant.e) ou horizontales (relation avec ses pairs donc égalitaires). De plus, elles permettent à tout individu de s’adapter à différentes situations sociales. Par exemple, un enfant qui aura développé de bonnes habiletés sociales aura tendance à observer un groupe pendant un moment avant de tenter de l’intégrer. À l’opposé, un.e jeune avec de moins bonnes habiletés sociales aura tendance à intégrer le jeu en l’interrompant, ce qui peut entraîner son rejet par ses pairs.
Les prises de décision responsable
Cette compétence fait appel à la capacité de résoudre des problèmes et faire des choix adaptés à la situation. Par conséquent, toute personne doit faire preuve d’analyse et de réflexion afin de comprendre la situation, l’évaluer, lister les solutions possibles et anticiper les conséquences de chacune d’entre elles.
Accompagner les enfants dans la découverte de leurs émotions
Pour un développement des habiletés socioémotionnelles optimales, il est tout d’abord essentiel d’offrir un milieu sécurisant à l’enfant et qu’il soit aussi en mesure de créer des liens d’attachement avec les adultes qui l’entourent.
À tous les jours, les adultes qui gravitent autour de l’enfant l’accompagnent dans la découverte de ses émotions. Comme des guides, ils.elle.s leur offrent un étayage émotionnel de qualité en nommant les émotions vécues par l’enfant, mais aussi les siennes. Il.elle soutient l’enfant qui découvre les manifestations physiques inhérentes à ses émotions autant chez lui.elle que chez l’autre. Cela peut se faire lors de situations authentiques, à travers les jeux de rôle ou la littérature et a un impact réel sur le développement de l’empathie. L’adulte a aussi le rôle d’instaurer des limites quant à l’expression de ces émotions, le tout dans un cadre sécurisant et prévisible.
D’autre part, les adultes offrent différentes stratégies pour diminuer la tension. Il.elle.s encouragent les enfants à y recourir de façon autonome, mais sont présents pour soutenir en cas de besoin. Il est suggéré d’éloigner l’enfant du regard des autres au besoin afin de favoriser un retour au calme plus rapide.
Quotidiennement, les adultes s’intéressent à l’expérience émotionnelle des jeunes en leur posant des questions ouvertes, en leur permettant de partager leur expérience et d’ajuster leurs comportements pour le futur.
Les écoles connaissent l’importance des apprentissages socioémotionnels pour leurs élèves et mettent en place une variété de programmes pour les soutenir. Quelques éléments sont par ailleurs essentiels dans la mise en place de tels programmes:
- Utiliser une série de stratégies pour enseigner les compétences clés, à la fois lors de périodes allouées à ces apprentissages, mais aussi dans le cadre de l’enseignement quotidien;
- Commencer tôt, dès la maternelle, et penser à long terme;
- Donner des rétroactions spécifiques lorsque les élèves démontrent de bonnes habiletés socioémotionnelles.
Et surtout, modéliser les comportements socioémotionnels à adopter ainsi que les compétences de communication nécessaires à toute relation humaine. Cette modélisation est plus efficace si elle est effectuée dans tous les contextes où les enfants évoluent. N’oubliez pas que vous êtes un modèle, les jeunes vous voient naviguer à travers le stress du quotidien. Ils apprennent beaucoup de vous en tout temps.